Les systèmes d'émulation

Compétence 6 : Planifier, organiser et superviser le mode de fonctionnement du groupe-classe en vue de favoriser l’apprentissage et la socialisation des élèves.

Communiquer aux élèves des exigences claires au sujet
des comportements scolaires et sociaux appropriés et s’assurer qu’ils
s’y conforment.


Système d’émulation
Système de motivation
**Tout d’abord, j’aimerais préciser que chez plusieurs intervenants du milieu scolaire, ces deux termes ne sont pas différenciés et le système d’émulation est la formulation privilégiée lorsqu’on parle d’un système quelconque pour gérer la classe, ce qui peut mener à la confusion.

Selon Richard et Bissonnette (1999), les systèmes d’émulation sont bien ancrés dans les écoles primaires du Québec. Ils sont d’abord et avant tout implantés afin de faciliter la tâche de gestion de classe de l’enseignement avec les élèves difficiles. Pourtant, on peut facilement remarquer que la plupart de ces systèmes sont lourds et complexes à gérer pour l’enseignant (systèmes de points, de crochets, argent scolaire, etc.) et qu’ils ne donnent souvent pas le résultat escompté. En effet, la plupart des enfants qui adhèrent bien à un tel système de gestion sont ceux qui n’ont souvent pas de difficulté de fonctionnement en groupe. Ils se trouvent alors récompensés sans arrêt pour leurs bons comportements qui ne nécessite bien souvent que peu d’effort de leur part. Ils peuvent donc développer un mécanisme de faire une tâche ou d’exécuter un comportement dans le seul but d’obtenir une récompense, et non parce que ce comportement est exigé de leur part par éthique ou par logique. Les élèves difficiles, par contre, voient leur estime

d’eux-mêmes diminuée, puisqu’ils ne reçoivent pas d’éloges pour leurs efforts, les niveaux d’exigence étant trop élevés pour eux.

Bien souvent, les conséquences appliquées dans ce genre de système n’a aucune cohérence avec le geste réprimandé (ex : tu cours dans le corridor, tu ne pourras pas participer au tirage à la fin de la semaine). L’élève n’est donc pas en mesure d’évaluer la notion de cause à effet logique sur son mauvais comportement. De plus, chez l’enfant, la notion du temps est encore vague, et un écart de cinq jours peut sembler bien long pour lui. Lorsque la récompense ou la punition est donnée à la fin de la semaine pour une mauvais comportement qui s’est produit en début de semaine, l’impact de cette sanction ou de cette bonification s’en voit diminué.

Prenons un système qui indique qu’après trois mauvais comportements, l’élève, qu’on nommera ici Pierre, se voit retirer le droit à la période de jeux libres du vendredi. Le lundi, Pierre est agité et parle sans cesse sans lever la main. Premier crochet. Le mardi matin, Pierre vole la règle d’un de ses confrères, ce qui crée un conflit et il frappe celui-ci dans l’emportement de la dispute. Deuxième crochet. Lors de la correction du devoir de l’après-midi, l’enseignant se rend compte que Pierre n’a pas fait son devoir. L’enseignant déjà irrité du comportement de Pierre en avant-midi se fâche et Pierre lui répond de façon irrespectueuse. Troisième crochet. Pierre a déjà hypothéqué sa période de jeux libres du vendredi. Quel argument l’enseignant aura-t-il pour punir Pierre le mercredi, le jeudi et le vendredi? Pierre sait déjà qu’il ne participera pas à la récompense, il n’a donc plus de raison de faire des efforts pour bien se comporter durant le reste de la semaine. Pierre n’a pas nécessairement fait un lien avec ses mauvais comportements et sa punition. Il n’en ressentira que de la frustration et de l’injustice lors de la dernière période du vendredi.
L’enseignant donnera probablement des tâches scolaires à exécuter à Pierre le vendredi pendant que tous les autres enfants de la classe feront des jeux de société. Les tâches scolaires sont alors dévalorisées et vues comme une punition par Pierre, alors que l’effort dans un travail ne devrait pas être vu comme une activité négative. Surtout que cela n’encouragera pas Pierre à faire son prochain devoir à la maison. Toute cette mascarade n’a pas favorisé la démarche d’amélioration du comportement de Pierre.

Cela dit, je ne suis pas contre les systèmes d’émulation complètement. Je pense simplement que lorsqu’on utilise ce genre de système, on ne devrait pas l’appliquer à toute la classe, ou du moins faire de la différenciation dans le cas des élèves plus difficiles afin de laisser l’égalité des chances à chacun. L’enseignant devrait également s’assurer que le système est rattaché à un seul ou peu de critères afin de réduire le nombre d’interventions possibles et de maximiser les chances de l’élève à obtenir des réussites.
Un système d’émulation personnalisé, qui serait relié avec un seul élève, constituerait un meilleur moyen d’amener celui-ci à cheminer vers un comportement désiré puisqu’il serait en compétition seulement avec lui-même, il devrait se dépasser soi-même.


Je crois qu’en tant que système de gestion de classe pour l’ensemble du groupe, il vaut mieux préconisé le système de motivation. Par exemple, un système où l’élève accumule des points de façon ponctuelle, en temps donné par l’enseignant afin de motiver les élèves à une tâche serait probablement plus efficace. Une récompense à choisir ou à piger dans une boite à récompense (cela peut être des privilèges non-matériels) offre une source de motivation au bout de l’effort. (Exemple: les élèves qui démontreront un geste de (….) aujourd’hui se vaudront 2 points au tableau de motivation, ou encore : les élèves qui termineront le travail de mathématiques sans le bâcler, qui donneront un effort, se mériteront deux points, car je sais que les mathématiques sont difficiles pour un grand nombre d’élèves dans ma classe, etc.) Cela ne dévalorise pas le travail demandé, encourage l’effort à la tâche et ne fait pas de discrimination puisque c’est une tâche évaluée à l’effort selon l’enseignant. De plus, cela augmente l’estime de l’élève, donne une chance valable de réussite à tous, sans mettre en compétition les élèves entre eux.